résidence d'artistes

CASTELNAUDARY
La folie de Tchekhov invitée au lycée agricole

© Photo Didier Rumeau

Durant trois semaines, l'établissement a reçu en résidence une troupe de huit comédiens qui a
travaillé en prenant soin de laisser la porte ouverte...
Ils sont huit. Cinq filles, trois garçons. Depuis trois semaines, ces comédiens appartenant à la compagnie
Moebius de Montpellier sont "en résidence" au lycée agricole.
"On mange avec les lycéens, on vit avec eux, on dort dans l'internat", explique Marie Vauzelle, metteur en
scène. La moyenne d'âge de la troupe approche les 27 ans. Moebius s'est constitué il y a un an,
les dix élèves (deux d'entre-eux ne sont pas dans cette résidence) de la promotion du conservatoire de Montpellier ayant décidé de "rester ensemble".

Hier après-midi, en scène sur les planches de l'amphithéâtre du lycée agricole, ils offraient aux élèves le fruit de trois semaines de travail acharné. "Sans père", le titre de leur création, est pour l'instant le début d'une recherche théâtrale, s'appuyant sur l'adaptation de l'ensemble de l'oeuvre de Tchekhov.
Une nuit de débauche. "On écrit notre rêverie, raconte Marie Vauzelle. C'est dans ce lycée que nous venons de commencer à construire notre Tchekhov. Et bien sûr, ce sont les balbutiements.
Nous testons l'écriture. La réalisation du spectacle va commencer en janvier". "Sans père"
raconte une nuit de débauche chez Helena. Helena, une jeune veuve qui fête l'anniversaire de la
mort de son époux. Ils dansent, ils rient, ils boivent. La fête se terminera mal. Remplir le vide. "Ce sont des histoires d'amour croisées. On se trouve face à une perte du sens du monde et de la vie. Et ça fait mal, précise la metteur en scène. Si Tchekhov nous intéresse c'est que dans son oeuvre il décrypte avec précision l'humain. Dans "Sans père", les gens remplissent le vide en faisant la fête. En construisant des histoires d'amour. En buvant beaucoup. Notre génération n'a bien sûr pas de difficulté à se retrouver dans ce schéma".

Dès le départ, la troupe de Moebius a décidé de travailler la porte ouverte.
Chaque élève était libre de venir assister aux séances de répétitions. Venus spontanément ou
accompagnés par leurs professeurs, ils se sont en tout cas montrés curieux : "Combien gagnez-vous d'argent ? Avez-vous une vie privée ? C'est votre vrai métier ?", ou fascinés : "Ah ! Mais c'est comme un tableau !" (devant une photo représentant les précédents spectacles de latroupe). "La bonne surprise, raconte l'un des comédiens, c'est qu'une vingtaine de fidèles apassé de longs moments avec nous. Pourtant, au départ, très peu étaient allés au théâtre et avaient de toute façon un a priori plutôt négatif".
A la cantine, les adolescents s'amusent parfois à lancer des répliques de la pièce en direction de la troupe attablée à leurs côtés. "Ils aiment les histoires en général, confie Marie Vauzelle, et ils accrochent particulièrement sur les histoires d'amour".

Si les financements parvenaient à être trouvés, "Sans père" pourrait être joué sur la scène des 3 ponts au mois d'avril. Alors que Moebius venait de livrer en plein air un extrait de son décapant spectacle, Odile, élève en bac pro CGEA annonçait : "Même s'ils peuvent pas revenir, pour moi c'est obligé, il faut absolument que je voie cette pièce en entier".

CASTELNAUDARY - - La folie de Tchekhov invitée au lycée agricole http://www.lindependant.com/articles/2009-10-02/la-folie-de-tchekhov...
1